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Shannon Wright, la Maroquinerie, le 22 avril 2013

 

Je crois bien que l'autre soir, j'ai vu Shannon Wright. Je ne peux pas être affirmatif. J'ai surtout vu un petit animal caché derrière une épaisse couche de fourrure, un genre de Cousin Itt en encore un peu plus sauvage, si c'était possible. "Sauvage", oui... c'est le mot qui m'a trotté dans la tête durant toute la prestation. Non pas comme synonyme de "bestialité", mais bien au sens littéral du terme : "qui n'est pas apprivoisé". Alors oui : "sauvage". Et "pesant", aussi. Surtout. Dieu que c'était heavy, ce set. Dieu que ce n'était pas baisant. Je m'attendais - j'ignore pourquoi - à une prestation dévastée, écorchée... troublante. J'avais déjà commencé à arpenter mentalement le champ lexical de l'intensité, d'une certaine manière j'avais (comme souvent) déjà écrit une partie de la chronique avant d'assister au concert. Et puis en fait... non. Il n'y avait finalement pas grand-chose d'utilisable (comme souvent - bis).

 

On a beaucoup écrit que depuis deux albums, Shannon Wright avait entrepris de renouer avec l'agression noise de sa "période Albini", souvent considérée (à raison) comme le sommet de sa déjà longue carrière. Le concert de la Maroquinerie a démontré que les choses étaient plus complexes, moins simples qu'une vague envie de retour au bruit. Plus sophistiquées, plus complexes, les compositions ont tendance à s'étirer et à verser dans une pesanteur plus metal que punk, comme si Wright avait décidé de troquer sa caisse de TNT contre un rouleau compresseur. Deux manières différentes et somme toute complémentaires d'aborder la violence musicale, qui débouchent sur une atmosphère finalement assez éloignée de ce à quoi on pouvait s'attendre. Le concert de ce soir est ainsi plus anxieux qu'écorché et sans doute plus vénéneux, moins pan-dans-ta-gueule que ce que proposait encore l'artiste il n'y a pas si longtemps. A l'image du groupe solide qui l'accompagne, Shannon Wright version 2013 offre quelque chose de musclé, bien charpenté et sacrément vigoureux. Le naturel n'étant pas si facile à chasser, en résulte un sentiment d'oppression renforcé par le jeu de scène toujours aussi revêche ; plus encore que sur l'excellent In Film Sound, c'est la suffocation qui est à l'honneur. Même lorsque Wright passe au clavier et que les orchestrations se font moins chargées, l'atmosphère reste claustrophobe, glaciale et un brin malade. C'est ce qui a toujours fondamentalement différencié l'auteure de 'Hinterland' d'une PJ Harvey ou d'une Scout Niblett, auxquelles certains sont souvent tentés de la rapprocher : la musique de Shannon Wright est presque totalement exempte de sensualité – le constat n'est pas nouveau mais rarement il aura paru si éclatant que durant ce set compact et quasi-autiste. Il faut attendre 'Bleed', soit la toute fin du concert, pour enfin sentir percer une émotion autre que l'envie de se taper la tête contre les murs - et encore celle-ci est-elle parfaitement suicidaire et sèche, des fois que certains se seraient laissés aller à penser que la chanteuse avait baissé sa garde. Quelques heures plus tard, je tombais par hasard sur un article qui reprenait à son compte cette citation d'Emmanuel Carrère : "Tant qu’on est méchant, c’est qu’on n’est pas devenu un animal domestique". Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire et de penser à Shannon Wright.

 

Thomas

 

Shannon Wright

 

Commentaires

était ce la première fois que tu voyais Shannon Wright sur scène ?

mon compte rendu:
http://blinkinglights.musicblog.fr/3205057/SHANNON-WRIGHT-Lundi-15-Avril-2013-Le-Clacson-OULLINS/

Écrit par : Xavier | 24/04/2013

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C'était la première fois depuis très longtemps en tout cas. Je l'avais déjà vue en festival il y a... pouh, une bonne dizaine d'années au moins.

Intéressant ton billet ; apparemment les deux setlits n'avaient rien à voir, parce qu'à Paris on a eu un paquet de titre d'In Film Sound.

Écrit par : Thomas | 24/04/2013

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l'ayant vu trois fois ces 4 dernières années, le choc a forcément été moindre pour moi à cette tournée. l'effet sauvage et anxiogène a un peu laissé place au coté expéditif des morceaux et silencieux de l'artiste dans mon appréciation.

La setlist a eu son importance, je suis étonné qu'elle ait été si différente pour le concert parisien, à peine une semaine après... nous avons eu 4 titres de In Film Sound (soit la moitié du disque quand meme), mais plutot en fin de set et pas les plus heavy. Avez vous eu "Noise parade"? j'étais décu de ne pas l'entendre...

Écrit par : Xavier | 24/04/2013

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Oui. En premier ou deuxième (je ne me rappelle plus). Du dernier opus, on a eu outre celle-ci (et si ma mémoire est bonne) : "The Caustic Light", "Bleed", "Mire" et "Who's Sorry Now?" (presque la moitié du concert, quoi).

Écrit par : Thomas | 24/04/2013

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finalement on a eu les mêmes, sauf Noise Parade. et à priori elle a joué plus de titres à Lyon, donc les morceaux récents étaient plus dilués dans la setlist...

Écrit par : Xavier | 25/04/2013

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Bonjour,

J'étais au concert et j'ai particulièrement apprécié la première partie! Vous connaissez le nom du groupe?
Je ne le retrouve pas sur le net...

Merci d'avance :)

Écrit par : Nico | 29/04/2013

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Bonsoir Nico,

Malheureusement je n'en ai vu que la fin (c'est pourquoi je ne l'évoque pas) et moi non plus, je n'ai pas réussi à trouver le nom du groupe, qui n'est mentionné nulle part. Peut-être qu'en contactant gentiment les gens de la Maroquinerie ils pourront vous renseigner (auquel cas n'hésitez pas à revenir nous donner la réponse).

Écrit par : Thomas | 29/04/2013

Après une petite recherche, il semble que c'était John Makay :

http://fr-fr.facebook.com/pages/John-makay/329747583729931?ref=stream&hc_location=timeline

Écrit par : lyle | 29/04/2013

Voilà pourquoi tu es le Patron de ce site et moi un simple sous-fifre.

Écrit par : Thomas | 29/04/2013

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Inutile de me lancer des fleurs, falait juste trouver le temps...

Pas mal du tout les titres de John Makay sur Bandcamp, par contre, il repasse bientôt à la Cantine si j'ai bien vu, je vais essayer d'y être...

Écrit par : lyle | 30/04/2013

Merci beaucoup!!!
Et désolé pour ce remerciement tardif...
Bonne continuation à vous

Écrit par : Nico | 15/05/2013

Les commentaires sont fermés.