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Boduf Songs + Cam Deas, l'Espace B, Paris, le 2 mars 2011

 

L'Espace B devient définitivement le lieu où il faut être pour sortir un peu des sentiers battus. Exemple ce soir avec deux artistes vraiment différents...

 

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Il y avait quelque chose de fascinant à voir une grosse trentaine de personnes, essentiellement assises, totalement immobiles et parfaitement silencieuses (dans un concert parisien !) devant un type lui aussi assis, seul au milieu d'une petite scène pourtant trop grande pour lui, habité et plié en deux sur sa guitare sur laquelle il jouera en donnant tout en continu pendant 20 minutes. Etaient-ils subjugués ou avaient-ils peur de briser sa concentration et de provoquer son courroux ? Fascinant de voir Cam Deas tout à tour caresser et martyriser son instrument, en extraire des sons aussi improbables qu'inattendus pour transformer ses pièces instrumentales (chez ces gens-là, monsieur, on ne fait pas de morceaux ou de chansons, on fait des pièces :-)) en une étrange cérémonie mêlant drone, théâtre asiatique, musique orientale ou plus roots... Des passages qui tonnent, d'autres plus enjôleurs ou qui résonnent... Fascinant, oui... Mais plaisant. Non. Plutôt dérangeant qu'une telle virtuosité et inventivité produisent un résultat peut-être intellectuellement satisfaisant mais trop souvent pénible pour les oreilles.

 

Boduf Songs fait partie de ces rares groupes dont je sais que j'apprécie la musique et dont je ne possède pas de disque (pour être précis, je n'avais que l'EP The Straight Gait avant le concert) pour des tas de raisons plus ou moins bonnes (toujours trop de trucs à acheter, pas forcément facile à trouver en boutique même à Paris et en plus à des tarifs prohibitifs) (eh oui, je sais, toute la discographie est à portée de main et d'un simple clic mais j'aime l'objet-disque). Aussi la venue de Mat Sweet à Paris était un évènement à ne pas manquer...

 

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Et par bien des côtés, le concert de ce soir va être à la fois très semblable et diamétralement opposé à la toute première fois où j'ai vu Low (il y a quoi ? 15 ans, comme le temps passe...). Un trio guitare / basse / batterie (réduite à sa sa plus simple expression) dans une petite salle assise et quasi-hypnotisée. Mais là où le groupe de Duluth beignait dans la lumière venue des écoutilles d'une péniche et dans un mouvement éthéré, Boduf Songs reste tout le temps dans la pénombre, à peine éclairé par un spot rouge de chaque côté et une lumière blafarde sur un ampli, assis et le plus souvent possible immobile, en particulier le batteur encapuchonné et statufié dans les nombreux moments où il se retrouve sans rien à faire. si Low prouvait qu'une musique lente et introspective peut être lumineuse, aérienne et pleine d'espoir, ce soir on nous montre à quel point elle peut être sombre, pesante et desespérée. La basse (jouée ai-je lu quelque part par la grande Jessica Bailiff mais c'est impossible à affirmer dans ce noir...) résonne, sourde et oppressante. La batterie se cache pour mieux se montrer menaçante. La guitare grince tout en se montrant séduisante. Et le chant ? Profond et caverneux... Certes, il n'est pas beau mais on se laisserait transporter n'importe où...

 

Si Low était Buffy, Boduf Songs serait Angel. Si Low était prophète, Boduf Songs serait Damien. Si Low était le paradis, Boduf Songs serait l'enfer. Mais un enfer qu'on aurait bien du mal à quitter. Si ce concert n'est pas dans le top3 de fin d'année, c'est que 2011 aura été une grande année...

 

lyle

 

http://www.myspace.com/bodufsongstributepage

http://www.myspace.com/camdeasmusic

 

Commentaires

Franchement, je ne sais vraiment pas comment prendre ce compte rendu : j'ai eu beau le relire, je ne suis pas parvenu à comprendre si tu avais apprécié (ou non) cette soirée si "spéciale" :)

Je préfère quand même le lire au 2nd degré : "intellectuellement" c'est plus enthousiasmant et c'est aussi plus gratifiant pour toi (on se dit : "Ah qu'est-ce qu'il est drôle ce Lyle, en fait !")

P.S. : qu'est-ce qu'on vous a donné à l'entrée de L'Espace B (comme substance illicite) pour que vous arriviez à supporter ça ? A moins qu'il ne s'agissait d'une expérience médicale avec trente cobayes volontaires... :)

Écrit par : J-P. | 03/03/2011

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Quand même... c'était clair non ?

Boduf Songs c'était très très très bien. Cam Deas c'était... c'était... c'était... pas pour moi malgré de beaux moments...

Écrit par : lyle | 03/03/2011

Ah ? Ok... merci de lever l'ambiguïté concernant le 2e concert ("à la fois très semblable et diamétralement opposé à [celui de] Low" : cette formulation m'a induit en erreur...) Et puis, j'avais encore en mémoire ton CR sur le concert de Timber Timbre (l'éclairage, l'immobilité, la pesanteur) Heureusement que tu étais plus en forme hier soir :)

Écrit par : J-P. | 03/03/2011

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Pas la même salle, pas la même ambiance et surtout pas la même propension à trop rallonger et étirer les morceaux...

Écrit par : lyle | 04/03/2011

Les commentaires sont fermés.