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Heligoland - All Your Ships Are White

 

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Label : Commission45

Sortie : 20/09/10

Format : CD / MP3

Disponible : Partout

 

Le premier plaisir avec un nouvel album, c'est la surprise, bonne ou mauvaise ; ce petit truc qui vous met en joie et vous titille au moment de mettre le disque sur la platine et d'appuyer sur Play. Après il sera toujours temps de se l'approprier, de réviser son jugement après de nombreuses écoutes ou de le laisser prendre la poussière sur une étagère, mais il y aura eu cette première fois. Alors forcément quand on connaît bien un groupe pour l'avoir vu plusieurs fois interpréter ses nouveaux titres en concert (et les lecteurs assidus savent que c'est mon cas pour Heligoland), l'excitation de ce premier rapport est remplacée par une certaine inquiétude (qu'est ce que les morceaux vont donner avec la prod ?) et une certaine familiarité. Or rien de plus inintéressant à raconter que le confort (vous imaginez un film sur un type en pantoufles regardant la télé depuis son canapé -remarquez, dans le cinéma français...-). Mais on va quand même essayer...

 

Parce que l'on pourra tourner les choses dans tous les sens, All Your Ships Are White est bon. Très bon. Et le quatuor franco-australien mêle les influences (du folk au shoegaze) comme nul autre, créant une musique qui n'appartient qu'à lui et qu'on retrouve toujours avec beaucoup de plaisir. Pourtant, encore une fois, la première chose que l'on remarque est évidente : la voix. Karen Vogt a un organe incroyable, à la fois d'une pureté cristalline et d'une chaleur très soul, capable aussi bien d'une douceur cotonneuse plongeant dans le bien-être (ah, 'Mapping your desires'...) que de remarquables montées en puissance ('Kiss kiss bang bang'), malheureusement un peu trop rares. Une voix à tomber amoureux à la première écoute et dont on ne peut se lasser.

 

Mais ce n'est pas, fort heureusement, le seul point fort d'un groupe qu'on rangera aisément auprès de Low et Gregor Samsa par sa capacité à tisser sa toile et à vous emporter dans un univers rêveur et brumeux. Des mélodies simples sont épicées de guitares qui n'ont pas oublié que reverb et feedback ne sont pas forcément des armes de destruction massive d'oreilles : il y a là une variété dans les effets, un désir d'offrir à nos sens mille saveurs, que l'on aimerait retrouver plus souvent dans les innombrables combos neo-shoegaze (parce que Nu-Gaze, décidément, c'est moche...). On pense à Lush, à Mazzy Star, aux Sundays sans trop savoir pourquoi, vu que les ressemblances ne sont certes pas formelles. Plutôt une certaine communauté d'esprit et un certain sens de la beauté intemporelle.

 

Il reste la question de la production. Car quand on fait appel à un "nom" (et Robin Guthrie à coup sûr en est un, surtout dans ce genre de musique), se pose toujours la question de savoir ce qu'il a apporté à l'ensemble. Et la réponse évidente est que, contrairement à d'autres, il a parfaitement réussi  à rester dans l'ombre et à tirer la quintessence du groupe sans imposer sa propre personnalité. Voix et guitares sont d'une pureté rare tandis que le mix fait preuve d'une grande finesse et d'une belle richesse. Un chef d'oeuvre alors ? Malheureusement non. Huit titres, même assez longs, c'est peu (surtout quand c'est bon) et deux ou trois morceaux manquent un peu de tonus ('Your longest breath' en particulier). Le manque de variations dans les rythmes, un des points forts du groupe en concert, laisse sa place à une homogénéité d'ambiance, qui, si elle charme sur une écoute, devient légèrement monotone avec des écoutes rapprochées. Rien qui ne doit vous empêcher de vous jetter dessus, mais suffisamment pour que la note ne s'envole pas plus haut...

 

lyle

 

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http://www.myspace.com/heligoland

 

Commentaires

Le premier plaisir avec une nouvelle chronique de Lyle, c'est la recherche du détail ; ce petit truc qui me met en joie et sur lequel je m'appuie pour taquiner notre critique non sans perfidie... Là, par exemple, j'allais lui reprocher sa remarque déplacée sur le cinéma français ("Non, mais Lyle ! Quand on sait ce que tu vas voir toi au ciné...") ou celle sur les groupes néo-shoegaze employant reverb & feedback comme "armes de destruction massive d'oreilles" ("Bon c'est déjà la 2e fois que tu t'en prends à mes New-Yorkais chéris de APTBS, ça suffit !")

Et puis, convaincu par ses arguments (et connaissant d'ailleurs déjà le groupe grâce à lui), je me suis jeté -non pas sur l'album- mais sur la page MySpace d'Heligoland pour y découvrir quelques extraits de ce nouveau disque et là : coup de foudre immédiat pour "A Year Without Sunlight", terrible ! D'abord le son (l'on identifie d'emblée la "patte Guthrie", oh cette basse et ces guitares cristallines !), la voix éthérée de Karen ensuite... Et cette remarquable "montée en puissance" ! Bref, un titre SUBLIME du niveau de "Nearly Everything Is New" !

Que d'émotions ! Je ne sais plus quoi dire... à part un chaleureux et sincère MERCI à Lyle ! Au delà de mes petites mesquineries envers lui, je n'en oublie pas toutes les découvertes que je lui dois...

P.S. : pour ceux qui ne l'auraient pas lu, il y a une excellente interview du groupe ici-même !

Écrit par : J-P. | 03/10/2010

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Ah mais tu as le droit de taquiner, parce que tu LIS les billets, ce qui, en ces temps de zapping du net est finalement assez rare... Et puis je ne m'en prennais pas spécialement à APTBS en plus !

Oui, on sent cette "patte Guthrie", qui est finalement de tirer le meilleur des groupes sans jamais faire du Guthrie.

Quand aux interviews, j'aimerais avoir du temps...

Écrit par : lyle | 03/10/2010

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@ Lyle : ah j'ai cru que tu visais APTBS car dans ton papier sur The Manhanttan Love Suicides, tu écrivais "une leçon de feedback pour APTSB" ; ce qui m'avait fait bondir évidemment ! J'adore maintenant surtout après les avoir vus sur scène en mai dernier :)

Sinon Heligoland me rappelle un groupe franco-anglais de pop à la charnière des années 90, peu connu dont j'ai un bel album. Je ne me souviens pas de leur nom, hélas ; faudra que je retrouve le vinyle laissé chez mes parents.

Écrit par : J-P. | 03/10/2010

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depuis le temps, vous m'avez convaincu de me mettre à ce groupe on dirait :-)

Écrit par : arbobo | 05/10/2010

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Cool !

Écrit par : lyle | 05/10/2010

Content de lire ces mots sur ce groupe aux mélodies célestes. Depuis un mois, j'essaye en vain d'acheter leurs 3 albums. Quelqu'un pourrait-il m'aider ??

Écrit par : Benoit de Namur | 05/10/2010

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Le nouvel album est disponible partout en digital (comme le reste de leur discographie) mais n'est semble-t-il pas encore sorti en CD. Le précédent est disponible sur un gros site de vente en ligne...

Écrit par : lyle | 05/10/2010

Merci. Cela fait deux mois que j'attends le 2ème album commandé sur ce fameux site où il se confonde en excuses pour me faire patienter. Le 3ème album, je viens de le commander via "Boomkat". Et le premier, sait-on encore se le procurer ?

Écrit par : Benoit de Namur | 06/10/2010

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Le label australien de Shift these thoughts ne faisant plus que dans le digital, ça risque d'être difficile...
Par contre on peut se procurer le side-project de Karen :
http://www.myspace.com/kurosawadreams

Écrit par : lyle | 06/10/2010

merci lyle pour ton chronique...nous sommes très heureux !
Notre 3eme album "All Your Ships Are White" (CD, Digipack) est maintenant disponible sur la page Bandcamp d'Heligoland. http://heligoland.bandcamp.com/album/all-your-ships-are-white
merci encore !

Écrit par : dave | 06/10/2010

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Le guitariste du groupe en personne qui laisse un com et le lien pour écouter l'album en intégralité (et plus car affinités !) Trop classe ! MERCI à lui !

Quant à moi, je succombe de plus en plus au charme mélancolique de cet album... Il n'y a pas que "A Year Without Sunlight" qui soit SUBLIME, loin de là ! J'en suis encore tout retourné !

Écrit par : J-P. | 06/10/2010

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merci à vous !

Écrit par : dave | 07/10/2010

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Euh Arbobo, on parle du groupe... pas du dernier Massive Attack :)

Bon sinon c'est vrai qu'il est bien cet album... j'essaierai dans dire deux mots si je trouve le temps (moi aussi je dois choisir entre les 35 albums en retard parmi ceux à chroniquer^^)

Écrit par : Benjamin F | 08/10/2010

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Mais quel mauvais esprit ! :-)

Je suis sûr que tu peux trouver le temps, il le mérite plus que Tricky, the Amplifetes et Brandon Boyd...

Écrit par : lyle | 08/10/2010

merci lyle pour ton chronique!

Écrit par : professional essay writer | 05/01/2011

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