Dans le mur... du son !

Label : Gwymon

Sortie : 06/07/2010

Format : CD

Disponible : Import

Les albums solos des divers membres de groupes que l'on a adorés, ont essentiellement deux intérêts : nous mettre en colère devant leur fréquente (restons poli) médiocrité (n'est-ce pas Mme Pollock ?) et nous faire conjecturer sans relâche, au vu de leurs oeuvres individuelles, sur l'apport respectif des différents protagonistes à l'ouvrage collectif. Ainsi, chez les anciens Gorky’s Zygotic Mynci (et ceux n'ayant jamais écouté les albums de l'excellent groupe gallois sont plus qu'incités à corriger cette erreur), les cinq albums (dont un gratuit comme dans les supermarchés) d'Euros Childs comparés aux deux de Richard James nous font envisager (mais tout cela tient tellement d'un fantasme de nerd n'ayant rien d'autre à faire...) un partage à la Libertines : à l'un un certain génie dans la démesure et une capacité à écrire des chansons sublimes salement gâchée par l'impossibilité de se débarrasser des plus pourries, à l'autre un beau sens de la mélodie couplée à une incapacité à la transcender.

Cependant si The Seven Sleepers Den était d'une grande cohérence de ton dans le genre singer / songwriter un peu mélancolique mais pas trop non plus, ce We Went Riding se montre vite bien plus badin et aventureux quant aux territoires qu'il se permet d'explorer. Ainsi si on retrouve le spectre -et le mot n'est pas employé au hasard tant on ne retrouve que les contours, en transparence, de l'original- des Gorkys sur des titres comme 'When the letter arrives' ou 'We went riding', on est surpris de trouver en 'Faces' le single que les Dandy Warhols aurait rêvé d'écrire pour leur récent Best of ou en 'Yes, her smile's like a rose' un morceau de bluegrass très efficace. Les ambiances et les rythmes changent sans cesse, naviguant de folk assez roots à psych-rock, dans une bonne humeur certaine. La présence de l'ex complice Euros Childs sur les choeurs reste discrète mais fort agréable alors que la trop grande présence sur 'Laveline' ou 'From Morning Sunshine' de Cate Le Bon irrite un peu, son chant étant un peu désagréable et se mariant finalement assez mal avec celui, doux et délicat, de Richard James.

Alors pourquoi cette réserve au moment de mettre la note ? We Went Riding est bon. Les 12 chansons sont de fort belle facture, impeccablement écrites et interprétées. Mais tout semble affreusement sous contrôle. On a parfois envie de hurler "mais lâche-toi un peu, Richard, merde !" tant on ne vit pas à l'écoute de ce disque. Jamais on ne s'enthousiasme, ne s'énerve ou ne s'émeut. Brièvement, le temps de la dynamique intro de 'waiting road', on se dit que ça y est, ça va le faire. Mais le soufflé retombe en moins d'une minute trente... Alors, morceau après morceau, on trouve ça bon, super bien fait, mais on sait qu'on rangera bientôt l'album au milieu de plein (trop me souffle-t-on) d'autres avec très peu de chances de le ressortir bientôt. On sait aussi que cela ne nous empêchera pas de se jeter sur le prochain, avec l'espoir que...

lyle

http://www.myspace.com/richardjamesband