Dans le mur... du son !

Label : Epic

Sortie : 29/03/10

Format : CD

Disponible : Partout

"Hein ? Quoi ? Un billet sur K's Choice ? Ils sont devenus fous sur DLMDS ou bien ils ont un énorme besoin d'essayer d'attirer de nouveaux lecteurs ?" vous êtes-vous sûrement demandé tout en cliquant, attiré par une curiosité malsaine, sur le lien qui vous a amené ici. Oui... mais non ! Qu'on l'apprécie ou non, le duo frangin/frangine Bettens a produit (avec leurs différents acolytes) pour les radios FM et chaînes de télé à vidéoclip un album de folk (à une époque où c'était un genre honteux) et deux albums de rock FM tout à fait digestes et bien supérieurs à la plupart des trucs qu'on pouvait avoir la malchance de subir en zappant ou en allant au supermarché dans les 90's. Et si on ne pleura pas le départ du groupe après un Almost Happy de sinistre mémoire, c'est quand même avec une certaine curiosité qu'on a appris leur retour en fin d'année dernière après 10 ans consacrés à leurs différents projets.

Et malheureusement, la curiosité a tué le chat tant ce Echo Mountain n'est qu'un pâle écho (oui, c'est facile, mais tellement vrai...) de ce qui fit le succès du groupe. Car si K's Choice fait partie de ces groupes que nous qualifions avec dédain de commerciaux, il le faisait à sa grande époque avec une certaine fougue, une certaine qualité dans l'écriture des textes et des mélodies, mais surtout la présence d'un chant bien typé, la voix à la fois cajoleuse et rugueuse de Sarah capable de porter bien des émotions. Oui mais voilà, et ses disques solos nous l'avaient déjà bien fait comprendre, elle ne joue plus maintenant que sur un seul registre, celui de la douceur mélancolique, qui est malheureusement celui où elle se révélait vite pénible. Ne cherchez pas ici la colère, le doute, l'espoir ou que sais-je encore qui transpiraient des trois premiers albums et laissez la place, même dans les titres sensément rock aux ballades aigres-douces qui laissent un mauvais goût dans la bouche.

En effet, on a beau nous proposer deux CDs (alors qu'un seul suffisait amplement pour tout mettre, et la planète on y pense alors ?) pour bien nous montrer la différence entre une première partie plus musclée, plus orchestrée, bref plus rock quoi, et une deuxième plus douce, plus dépouillée, bref plus folk. Mais comme le montre bien le 'Come live the life' introductif il ne suffit pas d'une batterie qui tape et d'un solo de guitare bien gras pour être rock, même FM (sinon JJG serait rock...). Et au refrain "Come on, Come on, Come on, all is forgiven", on a envie de répondre "non, ça, ça va être très difficile à pardonner, si ce n'est impossible". Et ce ne sont ni l'orchestration lourdingue de titres comme 'Let it grow' ou 'Echo Mountain', ni l'introduction très (mauvais) Strokes de 'I will carry you' ou le piano très Keane de 'When I lay beside you' (et ces "na na na"... mais qu'on les fasse taire) qui vont nous faire changer d'avis : il n'y a rien de rock là dedans, ni même de jolie mélodie ni rien du tout. Alors est-il vraiment nécessaire de s'apesantir sur un deuxième CD qui confond dépouillé et mièvre avec une belle application tout en nous proposant sur 'Killing Dragons' un passage digne de "la guitare pour les nuls, par Matt Bellamy". Non, on ne tire pas sur ambulance. Et non, n'insistez pas, je ne veux vraiment pas avoir à le remettre... Alors certes, on prend un certain plaisir à réentendre Gert et Sarah chanter ensemble, mais il est immédiatement gâché par la faiblesse des titres proposés.

Pendant que leurs contemporains et voisins Bettie Serveert vieillissent avec une grâce certaine à défaut de se renouveler, on retrouve les K's Choice tels qu'ils étaient partis, sur un quatrième album creux, fade et sans imagination. Et si les mauvaises langues diront sans doute que cette reformation a tout de la basse opération mercantile au vu du succès moindre des différents projets solos, on préfèrera croire que c'est plutôt pour l'amour de l'art qu'ils sont de retour, tout en se disant que de toute façon, maintenant, ce n'est plus sur nous qu'ils pourront compter pour les suivre.

lyle