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Morrissey - Swords

 

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Label : Polydor

Sortie : 26/10/09

Format : CD

Disponible : Partout

Suivre avec passion la carrière récente de Morrissey est un coup à vous rendre cyclothymique, tant regains de joie et cuisantes déceptions se succèdent et ce souvent au sein de la même chanson. Savoir que les faces B de You Are the Quarry, Ringleader of the Tormentors et Years of Refusal allaient être compilées sur un album avait de quoi laisser anxieux. Fondés sur des ambitions qui s’opposent, les trois derniers opus du Moz sont de véritables frères ennemis. Du coup, les obliger à passer une soirée ensemble, les confronter lors du traditionnel dîner de Thanksgiving avait tout de la fausse bonne idée d’un père qui voudrait voir ses enfant faire la paix. Comment imbriquer sur une même galette les instrumentations classieuses de Ringleader of the Tormentors et les mélodies poussives de Years of Refusal ? Swords ne répondra pas à cette question, il l’évitera avec subtilité. L’intérêt d’un album de face B de Morrissey réside dans le fait qu’on ne place en lui aucun espoir. On n’y cherchera pas l’émotion adolescente, ni l’envoûtement instantané, on espérera juste y trouver un peu de réconfort, quelques raisons de se réjouir. Et en ça, ce généreux 18 titres accompagné du Live at Warsaw remplit parfaitement le cahier des charges, au point que l’on n'a même plus l’envie de se prêter au jeu du « A quelle session appartient telle chanson ? »

 

Sous sa mauvaise introduction orientale, 'Good Looking Man About Town' nous offre finalement un Moz affable et enjoué qui joue à cache-cache avec son image de crooner. 'If You Don't Like Me, Don't Look at Me' est une perle typiquement Morrissienne qui me rappelle pourquoi cet homme a tant compté dans ma vie musicale, les guitares en background ont beau en faire des tonnes, les harmonies vocales sont à fleur de peau. Dénué de la pression, n’ayant que faire de replacer ces titres dans le contexte de la discographie, le plaisir devient non coupable au point de se laisser emporter par le post-grunge 'Don't Make Fun of Daddy's Voice' ou par le touchant 'Christian Dior'.

 

Evidemment la nature même du génie bipolaire implique que les perles oubliées au fond de sa chambre d’enfant côtoient des souvenirs vulgaires et anecdotiques : l’aspect poussif de 'Ganglord', le duo basse-batterie sans légèreté de 'My Dearest Love', les travers Rock FM des refrains de 'Shame Is the Name', le parodique 'Teenage Dad on His Estate'.

 

S’il s’agissait d’une œuvre ayant la moindre prétention, le jugement serait plutôt sévère, mais pour une fois, on préfèrera laisser la rancœur de côté et se raccrocher aux vestiges du passé comme 'Munich Air Disaster 1958'. L’avenir est toujours incertain mais Swords contient suffisamment de jolis moments pour rassurer plus qu’il n’inquiète.

 

Benjamin F

 

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Depuis toujours mais plus encore en ces temps où la mort de l'industrie du disque est annoncée chaque jour, la compilation de face B a été un ODNI (objet disque non intéressant) : trop pointu pour l'acheteur occasionnel et trop redondant pour le fan s'étant déjà jeté goulûment sur tous les singles (ou se les étant procurés d'autres façons, si vous voyez ce que je veux dire...). Mais comme cela ne coûte rien à produire et que par nature le fan est collectionneur (et au cas où il résisterait, on lui rajoute, pour finir de le convaincre, un petit live -au demeurant sans trop d'intérêt- en CD bonus), ces compilations continuent de fleurir, et dans le cas de Morrissey, dont les fans sont réputés être particulièrement acharnés, ce n'est pas la première, et sans doute pas la dernière...

 

Pourtant il y a de quoi être inquiet en commençant à écouter les dix-huit titres que comprend Swords : les années 2000 ont accouché d'un Moz jouant à lui-même pour revenir au sommet et alignant les albums poussifs, boursouflés, racoleurs avec leur production de luxe. Alors des morceaux jugés pas assez bons pour figurer sur trois albums sans intérêt... Mais rien à faire, on ne peut pas ne pas céder à la voix du Monsieur. Il reprendrait 'La Zoubida' que l'on craquerait quand même (Steven Patrick, si jamais tu lis ces lignes, je plaisante, laisse les reprises - gags pourries à Placebo, merci). Après, Swords a évidemment  de ce genre d'objet : incohérences dans la succession des morceaux (la succession 'My Dearest Love' / 'The Never-Played Symphony' est pour le moins étrange), mélange de titres à la qualité et à la production pour le moins diverses.

 

On n'échappe ainsi pas aux titres ('Sweetie-Pie' morceau sans rythme, sans aucune qualité musicale et à la voix passée au mixeur, 'Teenage Dad On His Estate' et son texte indigne) et aux moments (les passages orientalisants de 'Good Looking Man About Town', la guitarde balourde de 'It's Hard To Walk Tall When You're Small' ) ridicules dont on se demande encore pourquoi les bandes n'ont pas été détruites dans le studio d'enregistrement. Impossible non plus d'éviter les morceaux moyens comme Morrissey en a écrit à la chaîne ces dernières années et qu'il tente d'épicer en en faisant des tonnes vocalement ('If You Don't Like Me, Don't Look at Me', 'Ganglord' ou 'Shame Is The Name'). Et puis il y a quelques gemmes qui ravivent notre foi dans le bonhomme. 'Christian Dior' était sans aucun doute bien trop doux et fin pour être mélangé à la soupe bien grasse servie ces dernières années. 'Munich Air Disaster 1958' semble échappé de ses excellents premiers albums. 'I Knew I Was Next' est fun et enlevé comme rarement dans sa discographie. L'instrumentation de 'My Life Is A Succession Of People Saying Goodbye' apporte un peu de fraîcheur...

 

Et malgré la grande variation de qualité entre les morceaux, on ne peut que constater que le résultat est bien moins ampoulé, bouffi que You Are the Quarry, Ringleader of the Tormentors ou Years of Refusal. Et de se demander si Swords ne serait pas le meilleur album de Morrissey de la décennie. Ce qui ne signifie finalement pas grand chose...

 

lyle

 

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Le geste en serait presque beau tant il est suranné : nous sommes en 2009, le single en tant qu'objet est en passe de disparaître, le téléchargement a rendu depuis des années caduque le principe de chutes de studios et de faces B... et Morrissey continue de perpétuer une tradition entamée à l'époque des Smiths - à savoir publier à intervalles réguliers des albums de raretés presque systématiquement très bons. Normal : le Moz est l'artiste à singles ultime... avec ou sans singles, serait-on presque tenté d'ajouter. Centré sur sa période des années deux-mille, pas forcément la plus réussie mais certainement pas déshonorante, Swords contient donc, c'était prévisible, son lot de pépites et son lot de daubes. Façon de parler bien sûr : dans le pire des cas les titres les plus faibles de cette compile le sont parce qu'ils ont un air de déjà-entendu ('If You Don't Like Me, Don't Look at Me', 'My Dearest Love'). Le reste est inégal parce que très copieux (dix-huit inédits et un EP live en second cd... on ne peut pas dire que le Moz se foute de la gueule du monde), parfois surprenant ('Christian Dior', les très post-grunge 'Don't Make Fun of Daddy's Voice' et 'I Knew Is Was Next') d'autrefois excellent ('Munich Air Disaster 1958', dont on connaissait déjà la version du Live at Earl's Court), d'autres fois encore assez mauvais ('It's Hard to Walk Tall When You're Small')... à l'image, en fait, de la discographie du bonhomme depuis une dizaine d'années. A noter la présence d'une remarquable reprise du 'Drive-in Saturday' de Bowie... sauf que David Johansen a remplacé Jagger, ce dont personne ne pourra se plaindre.

 

Thomas

 

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Commentaires

Dans le temps la chronique croisée devait être relativement courte...

Je vois que les choses ont changé ! :-)

Écrit par : Thomas | 03/01/2010

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C'est juste que Benjamin avait fait long alors du coup j'ai pas voulu le laisser se singulariser... :)

Écrit par : lyle | 03/01/2010

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Moralité : c'est moi qui ai la plus petite cette semaine :-)

Écrit par : Thomas | 03/01/2010

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Mais tu sais bien que c'est pas la taille qui compte...

Écrit par : lyle | 03/01/2010

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Je sais pas écrire court mais j'y travaille. C'est une de mes bonnes résolutions de 2010 :)

Écrit par : Benjamin F | 03/01/2010

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Lyle >>> c'est ce qu'elles disent pour nous rassurer, ça...

Ben >>> mon conseil : trouve un copain qui ne sait pas faire court, et fait un duel de la concision avec lui ! Moi j'ai fait ça il y a quelques années... et ç'a bien marché : http://legolb.over-blog.com/article-13641488.html

Écrit par : Thomas | 04/01/2010

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@Thomas : Ah ah :) Donc comme prévu j'ai essayé de faire court et un copain m'a dit que ce n'était pas assez "charpenté" !

Écrit par : Benjamin F | 05/01/2010

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Non mais attends tout dépend du contexte ! Je mets les pieds sur la table et je pète en faisant la vaisselle, chez moi. Moins chez Lyle ;-)

Écrit par : Thomas | 05/01/2010

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