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Lydia Lunch + Black Thread, les Mains d'Oeuvres, le 24 novembre

 

Seuls quelques fans hardcore étaient là dès l’heure officielle, et se ruèrent aussitôt… au bar.

 

Mais le flot ne s’interrompt pas et la petite salle de Mains d’œuvres finira bondée et surchauffée par le public.

 

Black Thread débute seul. En fait il est tout seul, de toute façon. Surtout au rythme auquel se remplit la salle, il doit même se sentir vraiment très seul. Avec sa basse, son sampler et son clavier, et sa forêt de pédales d’effets posées sur sa table.

Le jeune musicien ose un pari difficile, travaillant tantôt le matériau sonore, mettant à d’autres moments l’accent sur le texte en spoken word. Mais si, vous connaissez cette poésie scandée dont le slam est une déclinaison. Les morceaux sont lugubres, et le musicien doué. C’est même lorsqu’il est le plus musicien qu’il est meilleur. Car le spoken word demande un timbre de voix marqué, un sens hors pair de la scansion, et une grande présence physique. Black thread a des textes sombres, et des tas de bonnes idées, mais ce sont les passages chantés qui me plaisent. Lorsqu’il lorgne vers un new wave spectral, avec ses claviers bourrés de distorsion.

 

Lydia Lunch pratique souvent le spoken word, depuis des années, et c’est souvent cette formule qu’elle choisit sur scène. La première partie tenait donc du clin d’œil, même si ce soir c’est la rockeuse qu’on retrouve, avec la formation Big sexy noise (soit elle + les membres de Gallon drunk). La surprise est grande de voir que le EP 6 titres qu’on a acheté plus tôt dans l’année, un des tous meilleurs disques de 2009, s’est mué en véritable album.

 

Ian White est aussi parfait à la batterie que Terry Edwards est souverain au saxo. Mais c’est James Johnson qui a tout co-écrit avec Lydia Lunch, à l’exception des reprises, de Lou Reed qui figure sur le disque, et de Lynyrd Skynyrd jouée ce soir. Avec pour conclusion ce commentaire en forme de manifeste : « anything can be perverted beautifully » (on peut tout pervertir en beauté).

Lydia Lunch est une femme en colère et c’est une vraie force. Depuis ses débuts elle a toujours évité de prendre la pente du succès pour conserver la liberté totale que lui permet l’underground. On en a encore une démonstration ce soir, où elle prend de plus en plus en grippe le public, nous enjoint de ne pas applaudir bêtement sans comprendre, nous impose le silence avant de continuer. Son amie Virginie Despentes ne saurait dire si c’est un incident en particulier, comme ce type qui lui balance des réflexions sans cesse, ou si la contrariété vient d’ailleurs. On découvre en sortant un public mélangé de connaisseurs, de rockeurs underground, et de fashion victims, les ennemis jurés de Lydia Lunch. Certains artistes préfèrent le silence à de « mauvais » applaudissements, et chez Lunch c’est d’autant moins une posture qu’elle n’est pas milliardaire. « Mais de toute façon c’est aussi son énergie, c’est comme ça qu’elle est », rappelle son amie.

 

Et Big sexy noise est peut-être le disque qui rend le mieux compte de son talent, de ce point de vue. Un rock puissant, surpuissant, sexuel à en être torride, et un chant rauque et violent à la fois. Un disque engagé aussi, féministe à son image ('your love don‘t pay my rent'), politique avec lucidité ('Dark eyes', dédiée aux jeunes paumés qui ont atteint un tel degré de désespoir qu’ils partent se faire tuer pour un pays qui se fout d’eux).

 

A l’exception de Lynyrd, on n’aura droit qu’à l’album, mais tout l’album, ce qui vu sa colère est déjà une chance. Une partie du public était visiblement venue comme au zoo, admirer un phénomène de foire sans chercher à comprendre ce qui se passait, et a dû croire que les harangues de Lydia relevaient d’un show bien huilé.

Malgré tout, cette électricité ambiante a donné une tension supplémentaire au concert. Un son plus lourd encore que sur le disque, mais parfaitement dosé, et bordel quel groupe, et quelle Lydia Lunch ! Un vrai bâton de dynamite, ce soir, et la déflagration nous souffle. Un concert sur la corde raide, tendue comme la corde d'un pendu.

 

Tous n’en ont pas eu conscience, mais on a vu un vrai fucking great concert of fucking good rock music.

 

arbobo

 

http://www.myspace.com/mynameisblackthread

http://www.myspace.com/lydialunch

 

Commentaires

Bon, euh, je savais pas qu'elle était pote avec Virginie Despentes, enfin, voilà, je veux pas dire du mal, mais bon...
Et je ne savais pas non plus que c'était Gallon Drunk qui l'accompagnait, ça me rappelle que, euh, j'ai toujours pas écouté son disque, à miss Lunch, et franchement c'est pas sérieux de ma part
o_O
Et sinon, moi aussi dans les concerts, c'est les fashion victims que je préfère.

:smiley boîte à gifles:

Écrit par : Dahu Clipperton | 04/12/2009

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C'est plutôt moi qui devrais être en colère, puisque j'ai mis un point d'honneur, parce que c'était Lydia Lunch, à acheter l'abum en version 6 titres... pour que finalement il ressorte avec le double ! Si même Lydia Lunch se met à faire ce genre de trucs, c'est à désespérer.

Écrit par : Thomas | 05/12/2009

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vu que c'est pas son genre de faire du marketting,
je pense que ça a du venir en cours de route, probablement au fil des concerts.
va falloir que je te copie ça pour te consoler ^^

Écrit par : arbobo | 05/12/2009

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Ca, ce serait gentil ! ^^

Parce que je t'avoue que du coup, je suis moyen motivé pour le (r)acheter... et pourtant Dieu sait que j'en ai acheté, des disques, ce mois-ci :)

Écrit par : Thomas | 06/12/2009

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Simple curiosité: c'était quel titre, la reprise de Lynyrd??

Écrit par : Guic' the old | 07/12/2009

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j'ai pas eu l'occasion de lui demander ;-)

en fait je l'ai pas reconnue, je connais mal Lynyrd pour totu dire

Écrit par : arbobo | 07/12/2009

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Les commentaires sont fermés.