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De La Soul + The Herbaliser, le 9 septembre 2009 au Festival Jazz à la Villette

 

Soirée immanquable en cette fin d’été, les mythiques De La Soul venaient à Paris dans le cadre du festival Jazz à la Villette, afin de fêter les 20 ans de leur debut album désormais passé à la postérité, 3 Feet High And Rising, sorti en 1989. Inoubliable, ce premier album du trio new-yorkais faisait office d’ovni dans le paysage hip-hop américain, dominé par la révolte sociale, et le rap hardcore de Public Enemy ou N.W.A., faisant part belle à une néo-créativité ouverte sur une Amérique alors en plein épisode final de la Guerre Froide. Bien que n’existant finalement pleinement que dans une fenêtre limitée dans l’histoire de la musique, avant de se faire balayer par les vagues gangsta-rap et grunge, De La Soul et leur 3 Feet High se posèrent en précurseurs d’un rap résolument alternatif et audacieux. 20 ans plus tard, 3 Feet High aura bien sûr pris quelques rides, mais de ces belles rides qui s’illuminent lorsqu’elles nous racontent leurs histoires, leurs portées, leurs vies.

 

The Herbaliser se chargera de l’ouverture de cette soirée hommage. Les expérimentés Anglais viendront cueillir un public débarquant peu à peu, au gré de leurs compositions mêlant jazz, hip-hop et trip-hop. Très carrés sur scène, le groupe de Jake Wherry et Ollie Teeba portèrent finement des instrumentalisations chaudes et avenantes, grâce à une section de cuivres lascifs, rythmés par des tempos vifs mais retenus. Sympathiques et appliqués, The Herbaliser auront su capter par moments certaines attentions lors de passages envoûtants, comme paraître parfois poussifs, notamment dans les passages langoureux, s’éloignant de leurs meilleures influences jazz. Motivés après une heure de set, le public s’attendait à voir débarquer les énergumènes de De La Soul.

 

C’était sans compter sur un problème technique sur l’une des platines de Mase. Quelques frayeurs ont parcouru la salle, notamment lorsque l’on pouvait voir Mase faire passer un sale quart d’heure à la demi-douzaine de techniciens de la Villette autour de lui. Déjà que l’absence de Prince Paul pour raisons personnelles laissait présager de mauvais augures, l’heure d’attente pour De La Soul avait de quoi inquiéter. Pourtant, en une heure, peu de quolibets, le public qui aura pris son mal en patience, très respectueusement – assez rare pour être signalé – sera vite rassuré aux sons des premiers scratchs retentissants dans les enceintes de la salle…

 

En trombe, Posdnuos et Trugoy débarquent sur scène, fins prêts à faire exploser leur frustration engrangée durant cet interlude interminable. Celui-ci sera cependant très vite oublié, les premiers flows des trois MC’s faisant nourrir chez nous une nostalgie sans pareil. Des années que l’on avait plus entendu des phrasés pareils, des instrus pareilles. Comme des coqs en pâtes, le trio communiquera très rapidement un enthousiasme communicatif. Ils ont vieilli les bougres, et pourtant, à bouger et à gesticuler sur cette scène soudain trop petite pour eux, les re-voilà sautillants comme à leurs plus grands jours. Pourtant, ils sont bien conscients que ceux-ci sont désormais derrière eux. Trugoy nous le rappellera même souvent que cela fait « 20 ans [qu’ils] font ça ». 20 ans déjà. La musicalité de 3 Feet High n’a pourtant rien perdu en force comme en délicatesse. On l’avait juste oublié. On avait oublié la candeur d’un 'D.A.I.S.Y. Age', ou la résonance intemporelle de la désuétude – déjà à l’époque – de 'Me, Myself & I'.

 

Toutes les chansons ne seront pas tirées de 3 Feet High cependant. Car ces 20 ans, ce ne sont pas seulement ceux de l’album, ce sont aussi les leurs. Surtout même. Honnêtement heureux d’être là, après les errements des années passées, les trois compères se sont amusés, et nous ont conviés très gentiment à la fête. A leur fête. On en oublierait qu’ils sont quadragénaires si l’on s’en référait à la bouille constamment rieuse de Mase. Le public entraîné dans cet élan de liesse et ce sentiment pur d’être simplement content d’être là, se prêtera au jeu instauré par le trio pendant plus d’une heure d’un hip-hop léché et surané, soutenu par un backing band discret, mais diablement efficace. Puis ils joueront leur rappel, sous les acclamations, et l’on verra, après cette bulle enthousiasmante, que le temps était finalement bien passé par là. Une interprétation un peu foireuse de 'Feel Good Inc.', dont on avait oublié qu’il s’agissait d’eux avec Gorillaz, un hommage à Run DMC, et un coda jouissif sur l’indomptable 'Ring Ring Ring'. Pas de guests, juste eux ; tous les trois pour combler une salle remplie et repue.

 

C’était ça De La Soul. C’était génial. On l’avait juste parfois oublié.

 

Kris

 

http://www.myspace.com/delasoul

http://www.myspace.com/theherbz

Commentaires

Quel super article...

Écrit par : Thomas | 15/09/2009

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Il n'y a que des super articles sur DLMDS...

Écrit par : lyle | 16/09/2009

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