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Dinosaur Jr + Johnny Foreigner, le 6 septembre 2009 à l'Elysée Montmartre

 

Il y a toujours une émotion particulière à retrouver sur scène un groupe que l'on a l'impression de suivre depuis toujours ou presque - c'est encore plus vrai lorsqu'on lui accole le titre toujours un peu ambigu d'idoles de jeunesse. Ambigu parce que qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire, dans le fond ? Qu'on ne les écoute plus ? Qu'on est passé à autre chose ? A moins qu'idoles de jeunesse ne doive s'appliquer qu'à des artistes encore en activité une fois qu'on a atteint l'âge adulte, donc susceptibles d'avoir déçu ou de décevoir par la suite. Auquel cas c'est encore râté : il suffit de me voir faire deux heures de train pour revenir exprès à Paris, arriver un quart d'heure en avance et faire le pied de grue nerveusement... pour comprendre qu'en dépit du peu que je pense du récent Farm, Dino persiste à focaliser mon attention. Idoles de jeunesse ou pas.

 

Sans surprise on me verra quelque peu trépigner d'impatience durant le set impeccable de Johnny Foreigner. Le fait que je sois venu seul (une rareté) n'y est sans doute par pour rien, je retrouve mes réflexes de solitaire, arpentant la salle en long et en large, vidant bière sur bière (c'est pas ma faute m'sieur le rédac' chef... on n'avait pas le droit de sortir fumer). Moi qui peste souvent contre les premières parties, je dois reconnaître que celle-ci a été choisie avec un soin et goût. Johnny Foreigner, c'est un peu Dinosaur Jr ou Pavement qui se seraient mis au post-hardcore. Du qui-déménage-tout-en-étant-bien-catchy. A tout prendre, c'est même mieux que sur le (pourtant chouette) premier album du groupe (le second sort en octobre, entends-je dire derrière moi). En plus la fille est très mignone, et le groupe fort sympathique. De mémoire, ça fait très longtemps que je n'avais pas vu une si bonne première partie - et plus encore une première partie aussi chaleureusement accueillie par le public. Du coup j'ai décidé de fêter ça avec une quatrième bière.

 

Comme toujours mais un peu plus encore que toujours l'entracte me semble interminable. J'ai toujours l'impression que la durée de ce genre de truc est artificiellement gonflée pour forcer les gens à consommer, qu'on attend une demi-heure un truc qui ne devrait pas excéder le quart d'heure. Bref.

 

Le groupe monte sur scène au moment où je réalise que je suis à jeun. Bizarrement et alors que j'étais juché sur ressorts quelques secondes plus tôt il me faut quelques minutes pour réellement entrer dans le concert. J'ai l'impression que le groupe aussi, qui me semble un brin statique et peu communicatif. Mais dans le fond ça n'a pas vraiment d'importance. Tout au plus un round d'observation qui finira par le K.O. debout lorsque Mascis entonnera 'The Wagon', ma chanson favorite, m'encourageant implicitement à reprendre une bière.

 

Ca commence à aller mieux. L'état second me guette (ma nuque paraît soudain très souple) et Dino a enfin l'air de prendre les choses en main, même si je suis relativement étonné de constater que Barlow est très en retrait (je pensais naïvement qu'en réintégrant le groupe après des années de gloire indie il était devenu un peu plus que "juste" le bassiste de Dino... en fait non, mais je me remettrai de cette info puisque je suis d'une génération qui n'a jamais connu le groupe avec Lou et ne l'a même pas forcément eu pour idole). Un classique, un titre de Farm... les morceaux s'enchaînent assez naturellement, rien d'étonnant à cela : Dinosaur Jr en 2009 ou en 1987, c'est toujours plus ou moins la même (très bonne) tambouille, grosses guitares trépidantes et voix fêlées, candeur non-feinte et émotion subtilement plantée derrière une insouciance pop touchante, chanteur au faux air de Droopy décidant subitement de dire bonsoir ou bout de la septième chanson... le concert de ce soir donne une définition assez troublante de l'expression sans surprise, et en même temps impossible d'en vouloir à un trio qui tout bêtement offre exactement ce qu'on attendait de lui, jusqu'à la track-list qui aura été à peu de choses près celle dont que j'avais espérée durant le trajet en train (du moins au niveau des standards). De toute façon avec Dinosaur Jr, ç'a toujours été un peu plus qu'une simple histoire de musique. Il y a toujours eu quelque chose d'incidible, peut-être de magique, au-delà de la pop entêtante et sans fioriture du groupe. Comme si les chansons les plus joyeuses étaient hantées par une blessure fantômatique. Dans un morceau de Dino il se passe toujours quelque chose. Même s'il ne se passe rien.

 

Dimanche soir il ne s'est donc pas passé grand-chose. Mais c'était beaucoup.

 

Thomas

 

http://www.myspace.com/dinosaurjr

http://www.myspace.com/johnnyforeigner

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