Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

 

Interview : Heligoland

 

Bonjour. Pouvez vous vous présenter à nos lecteurs ?

 

Nous sommes Heligoland, un groupe originaire d'Australie maintenant installé en Europe. Nous sommes quatre : Karen (chant, guitare acoustique), Dave (électrique guitare), Steve (basse) et Stéphane (batterie).

 

En Europe, nous connaissons essentiellement des groupes de rock australien. Y-a-t-il de la place, voire même une scène pour des groupes plus calmes, comme vous ?

 

Parmi les gens que nous avons rencontrés en Europe, j'ai été surpris par certains des groupes australiens qu'ils connaissaient. Avant de partir, je m'imaginais que des groupes comme INXS ou Midnight Oil seraient ceux que les gens connaitraient le mieux, mais un groupe comme les Go-Betweens qui ne fut jamais énorme bien que très respecté en Australie, semble plutôt connu en France.

 

La scène musicale est très variée en Australie, et à Melbourne, dont nous sommes originaires, il y a toute sorte de groupes jouant toutes sortes de musiques. Il est sans doute vrai que les groupes les plus populaires venant d'Australie ces dernières années ont été des groupes comme Jet ou The Vines, mais ils ne sont pas forcément représentatifs de l'intégralité de la scène musicale australienne dans les grandes villes. Il y a beaucoup de groupes de ce genre, mais il y a, à Melbourne comme à Sidney par exemple, aussi bien une scène musicale expérimentale et post-rock que des groupes de rock plus mainstream.

heligoland.jpg

Pourquoi choisir de s'installer à Paris ?

 

Pour un certain nombre de raisons. D'abord, nous n'étions pas emballés par l'idée de nous installer à Londres, vu que peu de groupes ont des choses positives à dire sur le fait de s'y installer, ou à Berlin, qui est une ville merveilleuse, mais où il est devenu un peu cliché de s'installer pour les groupes australiens dans une sorte d'idée romantique qui date de l'époque Nick Cave et The Birthday Party . Notre musique vient d'horizons différents, et cela semblait naturel d'aller voir dans d'autres villes. Une des raisons les plus pratiques était le côté central de Paris : il est très facile de se rendre n'importe où en Europe, ce qui est très pratique pour tourner. Et puis notre album précédent bénéficiait alors d'une sortie sur un label français alors il semblait logique de s'installer à un endroit où notre musique avait été distribuée. Avant d'arriver, aucun d'entre nous n'avait visité Paris, alors nous n'avions aucune idée de ce à quoi cela pouvait ressembler et c'était très excitant de s'installer dans un lieu totalement nouveau et différent de ce que nous connaissions.

 

Est-ce que cela a été difficile de trouver votre place dans une nouvelle scène, de devoir tout recommencer ?

 

S'installer dans une nouvelle ville est forcément difficile. Heureusement, grâce à Myspace et aux e-mails, nous avions des personnes à rencontrer après notre arrivée ce qui était génial. Après notre arrivée, nous avons commencé à aller à des concerts, ce qui s'est révélé être une excellente façon de rencontrer d'autres musiciens ainsi que des personnes en rapport avec la scène musicale parisienne. Je ne nous considère pas comme faisant partie de cette scène, étant donné que nous jouons dans toute l'Europe, depuis Porto jusqu'à Riga, ce qui fait que nous n'avons pas l'impression d'appartenir à une scène en particulier. Nous aimons l'idée d'être prêt à aller jouer n'importe où. Ainsi, dans quelques semaines, nous repartons en tournée, en passant par l'Allemagne et les Etats Baltes mais aussi pour la première fois par la Scandinavie. Nous sommes toujours excités par la possibilité d'aller jouer dans de nouveaux endroits et nous apprécions de pouvoir emmener notre musique dans de nouvelles villes et de nouveaux pays.

 

Comment avez-vous trouvé des musiciens français pour rejoindre le groupe et en quoi cela a-t-il changé votre son ?

 

Nous avons eu beaucoup de chance. La plupart des gens que nous avons rencontrés se sont révélés être des musiciens ou être en relation avec la musique d'une manière ou d'une autre. Notre musique raconte ça, la connexion et la circulation entre les gens qui jouent, le groupe est bâti sur les relations qui unissent ses membres. Quand il a fallu chercher un musicien, nous nous sommes naturellement tournés vers nos amis, les gens qu'on aime... Stéphane en est un bon exemple, on s'est rencontrés peu de temps après notre arrivée à Paris, on s'est beaucoup vus, on a pas mal parlé de musique, on a bu des bières, on est allés au concert et quand on a cherché un musicien, on s'est naturellement tourné vers lui. Il s'est passé quasiment la même chose avec France, on lui a été présenté, on a pris des pots et passé du temps ensemble et quand il est devenu évident qu'on s'entendait tous très bien, on lui a naturellement demandé de faire partie du groupe.

 

Pour ce qui est de l'apport de chacun au groupe, c'est variable, et on ne peut pas généraliser. Dans notre groupe, il n'y a pas une seule personne qui dirait aux autres ce qu'il faut jouer et les chansons sont composées par tout le monde. Chacun a donc la place de s'exprimer musicalement et de faire partager ses idées. On a beaucoup de chance et la venue de ces nouveaux membres a amélioré notre jeu. Stéphane, par exemple, partage avec nous certaines idées musicales et esthétiques qui enrichissent notre musique. C'est le plus important pour nous, que chacun complète ce que font les autres. Chaque personne est différente, avec sa propre voix musicale et sa propre personnalité et c'est tout cela qu'ils apportent au groupe. C'est pour ça que le son de Heligoland a évolué au cours de années : on entend toujours le son des gens qui jouent ensemble et on ressent leurs idées et leur façon de jouer ensemble.

 

Vous faites une musique calme et rêveuse qui navigue entre folk, slowcore et shoegaze. Qui citeriez vous comme vos principales influences ?

 

Il nous est difficile d'identifier une seule influence ou même un ensemble d'influences car chacun dans le groupe écoute et apprécie de nombreux artistes et genres de musique différents. L'idée même d'influence nous semble un peu étrange car, lorsque nous nous retrouvons tous ensemble pour jouer et écrire de la musique, nous ne pensons jamais « écrivons une chanson comme ceci ». Sans doute partageons-nous des idées et des approches esthétiques communes à l'intérieur du groupe, mais je ne peux pas faire de liste car elle ne serait juste pour personne. Nous ne nous asseyons pas vraiment pour parler de certains disques ou artistes et essayer de leur ressembler ou quoi que ce soit de semblable. Nous essayons toujours de trouver notre propre voie et de faire une musique qui ressemble vraiment à toutes les personnes concernées.

 

Dans les critiques, votre musique est souvent éclipsée par le (brillant) chant de Karen. Est-ce que cela ne devient pas parfois frustrant ?

 

Frustrant ? Pas du tout. C'est une partie importante du son du groupe, et cela serait même un peu étrange si cela n'était pas mentionné. Il est peut-être vrai que les journalistes musicaux ont tendance à se focaliser sur la voix et les textes mais c'est aussi vrai que c'est ainsi que de nombreuses personnes écoutent la musique. Alors cela n'a rien de négatif que les gens parlent de la voix de Karen, c'est même plutôt naturel.

 

La voix de Karen a souvent été comparé à Liz Fraiser ou Hope Sandoval. Personnellement, je la trouve bien plus chaude avec un côté plus soul. Quelles sont les chanteuses préférées de Karen ?

 

K.D. lang et Natalie Merchant... et aussi PJ Harvey, Tori Amos, Kate Bush, Beth Gibbons, Tracey Thorn.

 

 

You've recorded your third album with Robin Guthrie. How did it happen and how did it work ? Vous avez enregistré votre troisième album avec Robin Guthrie. Comment est-ce arrivé et comment cela a-t-il eu lieu ?

 

Pendant que nous écrivions notre nouvel album, nous étions toujours en train de penser que nous voulions de nouveau travailler avec un producteur comme pour notre album précédent A Street Between Us. Alors que nous pensions à des producteurs, et bien que nous n'avions jamais rencontré Robin, nous savions qu'il habitait en France, et comme nous avons toujours apprécié sa musique et ses productions, nous avons pensé à lui demander pour voir s'il était intéressé. On s'est rencontré plusieurs fois, on lui a fait écouter les démos du nouvel album et on a parlé un peu des chansons, de nos idées et de ce que cela pourrait donner. Dès la première fois, nous nous sommes très bien entendus et ce fut très positif.

 

Ce fut formidable de pouvoir travailler avec quelqu'un comme Robin qui a tellement d'idées et tant d'expérience après des années à enregistrer et à produire des groupes. Dès le début, il était clair qu'il comprenait notre musique et où nous voulions en venir avec cet album, alors il nous a vraiment semblé qu'on travaillait tous ensemble. L'enregistrement en lui-même a été très agréable et, alors qu'enregistrer se révèle souvent être un processus stressant parce que vous essayez de donner le maximum pour donner le meilleur de vous même, l'atmosphère dans le studio est toujours restée très positive et relax. Quand à «  comment cela a-t-il eu lieu ? », nous avons enregistré la structure des morceaux à Paris, puis toutes les parties chantées et les overdubs de guitare dans le home studio de Robin où il a aussi mixé l'album. Nous avons travaillé pendant des mois, étant donné que, soit nous soit Robin étions en tournée, alors le processus s'est un peu étiré. Mais cela n'a pas du tout été un problème parce qu'à chaque fois que nous nous y remettions, nous reprenions le fil facilement. Nous sommes vraiment très très heureux du résultat fini, ce fut un immense plaisir et nous remercions vraiment Robin pour l'enthousiasme et l'énergie qu'il a apportés au projet ainsi qu'à tous les efforts effectués pour superviser les sessions, enregistrer les overdubs et pour le superbe travail sur le mixage des morceaux définitifs.

 

Je vous ai vus un certain nombre de fois en concert. J'ai trouvé que votre son devenait plus lourd avec plus de changements de rythmes et de guitares. Est-ce une indication de comment votre prochain album sonnera ou juste une coïncidence ?

 

Je ne suis pas sur que « plus lourd » convienne, peut-être plutôt plus expansif, mais dans tous les cas plus bruyant. Nous avons évolué en tant que groupe à cause de nos expériences à l'étranger et parce qu'il y a eu des personnes différentes qui ont participé au groupe par rapport à l'époque où nous étions en Australie, nous écrivons des chansons différentes. Mais c'est toujours Heligoland, avec notre propre son, même s'il a beaucoup évolué avec les années. Nous avons toujours essayé d'avoir une certaine dynamique dans nos chansons en concert mais il est possible qu'elle soit maintenant dans un registre plus étendu, de façon à incorporer des moments plus bruyants aux passages les plus calmes et les plus méditatifs, que nous avions tendance à utiliser beaucoup plus par le passé. En concert, nous ne jouons pas à la note près, mais pas non plus de façon complètement différente des versions enregistrées, donc les chansons sont respectueuses du nouvel album, qui est bien plus varié et sonne de façon plus expansive que les précédents. Ainsi les chansons jouées en concert ne sont pas des répliques exactes jusqu'au plus petit détail de l'enregistrement mais nous essayons quand même d'y rester fidèle, donc la réponse à votre question est : oui.

 

Comme vous allez faire deux concerts à Paris, l'un électrique et l'autre acoustique, j'ai deux dernières questions : en quoi les publics sont-ils différents en Europe et qu'est-ce que cela apporte au groupe de faire des concerts différents, acoustiques et électriques ?

 

Depuis que nous tournons en Europe, nous avons eu la chance de jouer en France, en Allemagne, en Espagne, au Portugal, en Pologne, en Lituanie, en Lettonie, au Luxembourg et en République Tchèque, mais en y repensant, il est difficile de trouver une vraie spécificité entre, par exemple, le public letton et le public espagnol. Il y a tellement de facteurs participant à l'atmosphère d'un concert, comme le nombre de personnes, la taille et la forme de la salle, l'acoustique de la salle, si nous jouons bien, les autres groupes à l'affiche, le temps qu'il fait, la période de l'année, si c'est un jour de semaine ou le week-end, une grande ville ou une petite, si les consommations sont chères et que personne ne boit ou si tout le monde veut danser... tant de choses peuvent modifier l'ambiance d'un concert qu'il est un peu bizarre de dire que l'atmosphère pourrait être différente entre Berlin et Luxembourg juste en raison de la nationalité du public. Il ne s'agit bien évidemment pas de dire que tout le monde est pareil, ce qui est bien entendu faux, mais qu'il est difficile de comparer les publics de différents pays.

 

Nous ne faisons des concerts acoustiques que depuis peu. L'année dernière, nous avons été conviés à faire un concert pour le 7ème ciel. C'était la première fois dans l'histoire du groupe que nous jouions un concert acoustique, alors Karen, Dave et Stéphane ont passé des semaines à adapter et réarranger au format acoustique des chansons pour guitare électrique, basse et batterie, ce fut une agréable surprise de découvrir comme elles fonctionnaient bien dans un format acoustique bien plus dépouillé. Après ce concert, d'autres opportunités de ce genre sont survenues et c'est quelque chose que nous ferons plus souvent à l'avenir. Cela a pris une vie propre, comme un contrepoids à nos concerts habituels en formation complète. Il y a des différences évidentes, Dave et Stéphane jouent de la guitare acoustique pendant que Karen se contente de chanter, sans jouer d'instrument, mais cela permet surtout de jouer une autre sélection de chansons ou de présenter certains titres sous une autre lumière, ce que nous apprécions particulièrement.

 

 

 

 

Pour les parisiens, Heligoland sera au Glazart le 2 septembre (avec Jason Edwards et Farewell Poetry) et au Café de Paris le 5 septembre pour un concert acoustique (avec Damon & Naomi), puis, après sa tournée européenne, sera de retour pour le festival Out Of The Blue à la Java le 11 octobre (avec Glissando et Trespassers William).

 

http://www.myspace.com/heligoland

Commentaires

Excellente interview ! Des questions pertinentes, des réponses détaillées et nuancées avec une pause au milieu pour apprécier le joli clip de "Nearly Everything Is New". Que demander de plus ?

Il ne me reste plus qu'à écouter les disques du groupe ! Et en plus, la chanteuse aime (comme moi) Natalie MERCHANT et Tracey THORN...

Écrit par : J-P. | 10/09/2009

Répondre à ce commentaire

Merci !
On attend maintenant la sortie du troisième...

Écrit par : lyle | 10/09/2009

Répondre à ce commentaire

Les commentaires sont fermés.