Dans le mur... du son !

Label : Wichita/Cooperative Music

Sortie : 31/08/09

Format : CD/LP

Disponible : partout

Quand un groupe que l'on apprécie particulièrement s'apprête à sortir son nouvel album peu de temps après le disque précédent, on est toujours partagé entre deux sentiments opposés. D'un côté on est heureux de ne pas avoir à attendre trois ans pour avoir la suite d'un album que l'on a adoré, mais d'un autre côté il y a toujours la crainte de voir le groupe se répéter, avec un disque composé à la va-vite, en plein milieu de la tournée, voire pire, un album constitué des chutes de studio de son prédécesseur. Exactement le cas de figure qui se présente aujourd'hui avec ce troisième album des californiens de The Dodos, qui sort tout juste un an et demi après un Visiter unanimement reconnu comme l'un des meilleurs albums de l'année 2008. Alors, Time to Die, un titre de mauvaise augure?

Telle pourrait être la première impression que laisse cet album, oui. Le style de jeu de la guitare acoustique est toujours aussi particulier, la batterie toujours aussi puissante, les soli de guitares et les fins de morceaux épiques sont là également ('Longform', le single 'Fables'). On retrouve de même ces longs titres qui évoluent tout au long de la chanson, comme ce 'Troll Nacht' qui débute très calmement, avec une superbe guitare, puis qui voit approcher à petit pas la grosse caisse qui lance l'emballement du morceau; ce schéma se répète ensuite plusieurs fois pour construire un titre de six minutes. A l'ouest (des USA) rien de nouveau donc, pense-t-on au premier abord. Mais en tendant un peu l'oreille, ou en lisant les notes de pochettes (mais si vous savez, le truc qui se vend avec le CD dans les magasins, des endroits où l'on vend de la musique!), on remarque tout de même le changement radical qui a eu lieu chez The Dodos entre Visiter et Time to Die : Meric Long et Logan Kroeber ne sont plus les deux seuls membres du groupe, ils sont désormais accompagnés d'un vibraphoniste, Keaton Snyder. Et si les chansons des Dodos paraissent ici plus douces ou plus calmes (surtout sur les deux derniers titres, 'Acorn Factory' et le morceau éponyme), c'est bien grâce à cet instrument qui doit se faire une place au milieu d'une guitare toujours aussi folle et d'une rythmique toujours plus impitoyable, et qui amène une petite touche d'exotisme et de nouveauté, bienvenue dans le son du groupe. Au final on a donc un album plus sage, moins fou fou, plus court aussi, et donc plus dense que Visiter (il n'y a plus de titres courts de moins de deux minutes comme sur l'album précédent et niveau qualité des compositions c'est un quasi sans-faute sur les neuf titres (le quasi étant pour un 'This Is A Business' peut-être en dessous de ses camarades)), avec un nouvel instrument qui amène un peu de fraîcheur (tout comme la trompette de 'The Strums' d'ailleurs). Ce Time to Die réussi donc au fil des écoutes à nous tenir en haleine d'un bout à l'autre, ne nous laissant que peu de répit avant les deux dernier titres, et confirme que The Dodos est l'un des groupes les plus intéressants de la scène indé américaine.

Si Beware of the Maniacs, leur premier album, était l'enfance du groupe, ses premiers pas (que l'on avait un peu manqués à l'époque) et Visiter son adolescence, avec la crise et la folie qui vont avec, The Dodos vient alors d'entrer dans l'âge adulte avec Time to Die. Mais ils sont encore loin du quatrième âge, car il n'est sans doute pas encore temps de mourir.

Erwan

http://www.myspace.com/thedodos