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The Only Ones : The Only Ones

 

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Label : Sony/BMG

Sortie : 02/02/09

Parution originale : avril 1978

Format : CD

Disponible : partout

Nous sommes en 2009 et malgré quelques beaux articles ici ou là, personne n'écoute les Only Ones. Et s'il est juste de noter que chaque revival rock les ramène dans les dicussions, il convient de préciser que ce n'est jamais que chez dix personnes dont une moitié employée chez Rock & Folk. Culte, mythique et génial, le groupe de Peter Perret n'en demeure pas moins tragiquement méconnu, un de ces combos formidables dont on ignorera toujours pourquoi ils n'ont jamais eu droit à leur propre revival. A intervalles réguliers leur nom ressort en même temps que leurs albums, mais c'est uniquement pour redisparaître aussitôt des mémoires pour cinq ans.

 

Il est vrai que le groupe est desservi par son style. Alors qu'une bonne part de son succès de l'époque (fin 70's/début 80's) venait du son côté très pop cet atout n'a fait que le desservir au fil des décennies. Arrivé dans les années quatre-vingt-dix il devenait relativement compliqué de célébrer le punk et les Only Ones en même temps tant Peter, Alan, John et Mike collaient peu à l'image d'Epinal destroy que l'imaginaire collectif (et la presse) avai(en)t voulu retenir du punk-rock. Comprendre par-là qu'en terme d'esthétique (comprendre par-là "de clichés"), ma mère ou quelqu'un ne connaissant rien au punk serait tenté de dire que les Onlys Ones n'ont rien à voir avec.

 

Et le fait est qu'en effet les Only Ones n'avait pas grand-chose les rapprochant des Pistols, des Clash ni même des Damned. Alors que Rotten se payait la gueule des punks new-yorkais ("Youre made in japan / From cheese and chalk / Youre hippy tarts hero / 'Cos you put on a bad show / You put on a bad show...") et provoquait involontairement la naissance d'une des dix plus grandes chansons punk de tous les temps ('London Boys', de Johnny Thunders : "You talk about faggot, little mummy’s boy / You’re still at home, you’ve got your chaperone / You need an escort to take a piss / He holds your hand and he shakes your dick / You’re so pretty, suburban kitty...")... pendant ce temps les Only Ones, eux, revendiquaient l'héritage du susmentionné Thunders, et celui de Television et celui de Richard Hell. On dira qu'ils étaient les plus américains des punk anglais, le New York City Punk '75 planqué derrière le bruit et la fureur du London Punk' 77.

 

Or le punk n'a jamais été que la colère et la destruction de l'école Rotten. Si ce dernier a gagné la bataille de la mémoire, cela n'en fait pas une vérité pour autant et quiconque s'est intéressé un tant soit peu au punkrock sait pertinemment que le romantisme, l'élégance et l'aristocratie sont autant de valeurs appartenant à son champ lexical que la révolte ou la provocation. Impossible de comprendre les Only Ones par rapport au punk si l'on ne prend pas un compte ce facteur déterminant (mais cela vaut pour un nombre considérable de groupes déclinant cette imagerie), facteur faisant d'eux un anachronisme ambulant dès leur premier opus en 1978 (il faut dire aussi que lorsqu'ils débarquent ils sont plus vieux que tout le monde). Le paradoxe de cela ? The Only Ones est un album mille fois plus intemporel que tous ceux du punk londonien, avec son romantisme échevelé et un brin désolé ('The Whole of the Law'), son ironie mordante ('The Immortal Story'), ses mélodies ciselées ('Another Girl, Another Planet' bien sûr !) et même - incroyable mais vrai - ses soli. Ajoutez à cela la voix fracassée et souvent déchirante de Perret (là aussi en filiation Thunders directe - c'est à s'y méprendre sur 'The Beast'), et vous aurez le cocktail divin, parfaitement punk et parfaitement rock (comme aurait dit Saint-Luc). Et si la classe de cet album a quelque chose de miraculeux (ce 'No Peace for the Wicked'...), ce n'est pas grand-chose à côté des deux suivants - contrairement à tous leurs concurrents les Only Ones n'ont fait que progresser. Nous en reparlerons bientôt, puisqu'ils ont eux aussi été réédités cette année dans le même type de format, c'est-à-dire une remasterisation standard mais bienvenue dispensée de bonus supplémentaires par rapport aux précédentes éditions (qui offraient déjà les trois bonus ici présents).

 

A suivre, donc.

 

Thomas

 

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http://www.myspace.com/theonlyonestheband

Commentaires

ah, tu mets là le doigt sur un truc qui me titille depuis un moment, mais comme je n'écoute pas tellement de punk je garde d'habitude moj hypothèse pour moi : punk anglais, punk californien (Dead kennedys!), et punk east coast, 3 styles différents, le new yorkais étant comme par hasard plus arty ^^

en même temps, va savoir ce que ça veut dire, punk, quand tu vois l'essentiel de la carrière du Clash, par exemple, who the fuck cares what punk means :o)

Écrit par : arbobo | 30/08/2009

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Un très bon album qui a très bien vieilli.
Quelques titres un peu plus faibles m'empêcheraient de monter jusqu'au 10, cependant...

Écrit par : lyle | 30/08/2009

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Arbobo >>> oui, effectivement. Différent, peut-être pas à ce point, mais en tout cas trois facettes bien distinctes. Ce qui rejoint d'ailleurs certaine discussion récente à propos des Libertines, effectivement pas très punks si on suit une ligne Pistols-Damned, nettement plus si on lui une ligne Hell-Only Ones (il me semble d'ailleurs inconcevable que les Libertines n'aient pas été bercés par les Only Ones, quoiqu'ils en aient dit à l'époque). Le Clash dans tout ça... c'est plus l'exception que la règle. Le Clash à mon sens est clairement un groupe de rock inassimilable à aucune tendance, qui n'a été punk que durant quelques mois. D'ailleurs quelques mois avant, Joe Strummer jouait avec les 101'ers un pub-rock beaucoup plus classique : http://www.youtube.com/watch?v=TzOY-A3CIFk&feature=related , ce qui lui valut des reproches comme quoi il aurait pris le train en marche. Ce qui est ironique dans cette histoire, c'est que sinon dans l'esprit Strummer était lui aussi, dans le son, bien plus proche des new-yorkais.

Lyle >>> moi ce sont les bonus dont je ne suis pas fan... mais je ne les prends pas vraiment en compte dans la note...

Écrit par : Thomas | 30/08/2009

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Another Girl, Another Planet
The Beast
The Immortal Story
trois titres intouchables, incroyables, mille miles au dessus du reste de la meute.

Et contrairement à l'idée répandue que Thom reprend à son compte, le premier album fut sans doute le plus dense. Et Oh Lucinda, titre fétiche de bien des fans des O.O., ne me paraît pas de la même facture que les trois suscités.

Heu bon déjà, le truc c'est qu'ils sont arrivés un chouia trop tard, à une époque où nombre de branleurs officiant comme rock critics ou programmateurs radio (je pense évidemment à Lenoir) allaient leur préférer Police (et oui) ou dans un autre registre la cold wave montante. Too few too late en quelque sorte.

Y a aussi que Peter Perret était totalement ingérable (nombre de témoignages sur le sujet à commencer par le sien), pris dans la poudre jusqu'aux yeux. Thunders aussi allez vous me dire... Certes mais pour Thunders la légende était déjà écrite avec les Dolls. Qu'importe en quelque sorte ce qu'il ferait ensuite (même si je place So Alone dans les 50 plus grands disques de R'n'R, ne serait-ce que pour le London Boys que Thom évoque, et surtout pour son You can't put your arms...). Et donc Perret n'a que modérément joué le jeu qu'il fallait jouer alors (coupe tes cheveux, mets une cravate cuir fine à la Cars etc).

Pour essayer un début de réponse à Arbobo : What the fuck... Le punk est américain, point barre (et sûrement pas californien - hormis X et les Germs - qu'on ne nous parle pas de Jello Biafra qui pratique le punk comme les plus ringards des Teds - il peut y en avoir - le font avec le rockabilly). Le punk est né en 74 75 de quelques écrits de Bangs et autres carburateurs flingués et a eu des premiers chevaliers servants qui préchaient dans le désert comme Suicide. Puis Patti Smith est arrivée (75) et les Ramones ont enchaîné. Pendant ce temps en GB, c'est le pub rock qui marquait le Marquee. Malcom Mac Laren a débarqué à Londres avec une petite idée derrière la tête et a fondé les Pistols, on connait la suite de l'histoire. Que le bouillonnement ait ensuite saisi la GB, c'est incontestable : puisque qu'on pouvait à nouveau bousculer les normes en 2 minutes trente, pleins de gamins s'y mirent, dont nombre avec talent. Et l'histoire du début des sixties pouvait recommencer.

Mais le punk n'est pas plus anglais que ne l'est le rock'n'roll.

Bon après, les styles tout ça, c'est l'auberge espagnole, chacun y met un peu ce qu'il entend. Mais à la base le punk n'est rien de plus qu'une résurgence du rock 'n 'roll et de ses valeurs les plus dangereuses et excitantes, dans un milieu de décennie qui n'était pas très fun, ni au plan musique (et c'est la raison pour laquelle il n'est pas interdit de penser que les premiers punks furent des gens aussi divers que les Stooges, ou les glam rockers comme T Rex), ni au plan social, ni au plan politique. Ca a été d'ailleurs, comme en 1961-1962, l'apport britannique : une volonté de conscientiser la chose, en quelque sorte "d'utiliser" le rock'n'roll, soit par l'anarchie et le nihilisme (Rotten), le gauchisme (Strummer), la conscience sociale (Weller), la conscience sexuelle (X Ray Spex), le prolétarisme ouvrier des suburbs (Sham69 et les UK Subs)... Ce que n'ont pas su ou voulu faire les rares punks français de l'époque (du reste ils étaient bien plus tournés vers l'Amérique que vers Londres) (hormis peut être Metal U) et c'est Trust qui rafla la mise deux ans plus tard.

Bon voilà papy va se recoucher.

Écrit par : The Civil Servant | 31/08/2009

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Non non non. Les Dead Ken's sont un groupe fabuleux, d'une puissance et d'une pertinence inouïe, le seul groupe de rock qui ait jamais réellement fait PEUR au pouvoir en place. Plus de précisions dans un article d'autant plus excellent qu'il est de moi : http://legolb.over-blog.com/article-3596367-6.html

Sinon je suis d'accord dans les grandes lignes même si je ne reprends aucune idée à mon compte... je trouve juste le second encore meilleur (je ne savais d'ailleurs pas que l'idée était répandue, il m'a toujours semblé que le premier était le plus coté).

A propos de Thunders tout aussi ingérable... comme tu le dis l'histoire était écrite avant. Et puis Thunders a eu la chance d'être sévèrement encadré, il ne portait pas les Dolls sur ses frêles épaules, de même que L.A.M.F. a été pour bonne part écrit par Richard Hell avant qu'il ne se fasse saquer...

Écrit par : Thomas | 01/09/2009

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Le seul groupe qui ait jamais réellement fait peur....
Heu je dirai qu'il y a tout de même quelques inexactitudes dans cette phrase, Thom.

Autrement j'adore cette phrase oxymore : "Je suis d'accord avec les grandes lignes même si je ne reprends aucune idée à mon compte"

Ah, ah, sacré Thom.

Bon vivement ce A Certain Ratio qu'on boive quelques coups ensemble.

Écrit par : The Civil Servant | 01/09/2009

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Peut-être pas le seul (quoiqu'il aient été peu nombreux...), m'enfin entre les descentes de police à répétition, l'acharnement d'un producteur (les poursuites judiciaires sont en grandes parties responsables du split du groupe), la censure à répétition... ils ont quand même été sacrément persécuté sous Reagan. Brefle.

Pour l'autre phrase, je ne faisais que te paraphraser ;-)

Écrit par : Thomas | 01/09/2009

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D'un PRODUCTEUR ??? D'UN PROCUREUR, voulais-je dire...

Écrit par : Thomas | 01/09/2009

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Les plus grands groupes de Rock n'ont jamais eu de succès auprès de leur contemporain. Les Only Ones n'échappent pas à la règle. Belle chronique !

Écrit par : Pannouf | 02/09/2009

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pauvres beatles, led zep et rolling stones morts dans le dénuement ^^

Écrit par : arbobo | 03/09/2009

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Ouais, ben non, là-dessus, je ne suis pas d'accord, ça n'a pas très bien vieilli, hormis le fantastique "Another Girl, Another Planet" ... Pour une fois, les suiveurs sont supérieurs : oui, je préfère largement le premier album des Libertines et je n'ai pas honte de le dire.

Écrit par : Vincent | 19/10/2009

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Si je me basais uniquement sur les albums studios, je pourrais aussi penser que ça n'a pas toujours très bien vieilli au niveau de la production mais si on écoute les formidables Peel Sessions (malheureusement difficilement trouvables), la qualité des chansons (très peu de déchets) et des musiciens (ce guitariste solo, cette section rythmique, mes aïeux...) saute aux oreilles.

Écrit par : Franck Z | 21/10/2009

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Mais comment définit-on le vieillissement d'un album, exactement ?

Bien entendu, la production a vieilli. Ou disons pour être exact qu'elle fait son âge... les albums ont été faits à l'époque où ils ont été faits (!), on n'y peut pas grand-chose.

En revanche en terme de style, de vibe, d'esthétique... les Only Ones ne semblent pas avoir pris la moindre ride. Et ils s'écoutent toujours avec autant de plaisir en 2009. Je pense que c'était le sens de cette remarque de Lyle...

Écrit par : Thomas | 29/10/2009

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Tout à fait, si la production fait, et c'est naturel, un peu daté, la musique, elle, n'a pas pris une ride.

Écrit par : lyle | 31/10/2009

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